Le blog de la digitalisation des PME  

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Mis à jour le 29 Mars, 2024

Publié le 6 Juil, 2022

GetAvocat : Christophe Landat, geek et avocat 2.0 !

Christophe Landat
Luc Pallavidino

Luc Pallavidino

CEO & Co-founder @Yousign

Sommaire

Christophe Landat, ou plutôt Maître Christophe Landat, avocat au Barreau de Montpellier depuis 15 ans et fondateur de la plateforme GetAvocat, nous accueille dans ses bureaux. Avec un regard avisé, il nous a parlé de l’évolution des nouvelles technologies et de l’intérêt qu’il leur porte, de la place du numérique dans son métier et de sa passion pour Star Wars.

Pour commencer et pour ceux qui n’auraient pas la chance de te connaître et de te suivre sur les réseaux sociaux, peux-tu nous faire une rapide présentation ?

Je suis aussi avocat et j’exerce dans le domaine du droit lié aux technologies, les nouvelles… et les moins nouvelles aussi ! Je fais partie de la communauté des gens qui, d’après leur femme, passent beaucoup trop de temps sur leur ordinateur, pour le travail mais aussi pour le plaisir de découvrir tout ce qui touche de près ou de loin à l’innovation avec un sérieux penchant pour les choses parfaitement inutiles donc parfaitement indispensables. Bref, je suis un vrai Geek…

Et en 140 caractères ça donnerait quoi ?

Bébé Geek aveyronnais recueilli, adopté et élevé par la tribu des avocats. J’attends un appel d’Elon Musk pour aller bosser chez TESLA…

As-tu toujours été passionné de nouvelles technologies ?

Fut une époque où l’on parlait d’innovation plutôt que de « nouvelles technologies ». C’était sans doute plus approprié car même des technologies commençant à dater ont tendance à conserver cette appellation de « nouvelles » technologies. Il est donc plus juste de dire que j’ai toujours été attiré par les technologies au sens large. D’abord par celles présentent dans l’automobile qui est une de mes grandes passion puis fatalement tout ce qui se ramène au concept de technologie : les transports, le numérique, la recherche…

Pour les quarantenaires comme moi le rapport aux technologies est différent des jeunes générations qui n’ont pas été confrontées de manière majeure aux « bonds » technologiques que nous avons vécus.

Sans faire l’ancien combattant, je peux évoquer ma première expérience de « jeu vidéo » (les guillemets s’imposent) : PONG, même si sauf erreur de ma part ça a été inventé avant ma naissance, auquel j’ai joué sur une télé noir et blanc à une époque ou changer de chaîne devait se faire en se levant et en appuyant sur des touches dédiées. Au collège on avait des cours de programmation en BASIC sur Thomson MO5 et TO7. Mon premier « vrai » ordinateur a été un Amiga 1200. J’ai aussi joué aux premières versions de Donkey Kong, de Pacman… Devenu un peu plus grand j’ai goûté aux joies des premiers PALM dont je reste aujourd’hui assez nostalgique…

Alors oui je crois que je suis tombé dedans quand j’étais petit. Et c’est sans doute pour ça que je reste autant émerveillé à chaque nouveauté. Un peu comme nos aînés qui ont connu l’époque des premiers avions Latécoère et qui ont l’opportunité de voler aujourd’hui sur Airbus A380. On mesure le chemin parcouru.

Imagine qu’on te propose de retourner sur la Lune avec la technologie de 1969, tu réponds quoi ?

Sans être un ancien, ma génération a connu la période sans téléphone portable, sans web, sans replay… Mon fils de 8 ans ne pige pas que chez son grand-père on ne puisse pas mettre la télé sur « pause » et je me dis que quand il sera en âge de passer son permis de conduire, la conduite autonome n’existera plus seulement sur des TESLA à 120 000€ mais sur des modèles bas de gamme également.

J’adore songer aux fresques historiques en matière d’évolution technologique : prendre conscience du bond technologique depuis les origines d’une techno jusqu’à nos jours permet d’envisager ce que pourra potentiellement nous réserver l’avenir sur une même période mais dans le futur. Par exemple, ce qui servait d’ordinateur au LEM qui s’est posé sur la Lune en juillet 1969 avait une RAM de 4ko et une ROM de 32ko !… C’est juste incroyable quand on y réfléchit deux minutes. Imagine qu’on te propose de retourner sur la Lune avec la techno de 1969, tu réponds quoi ?

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La profession d’avocat paraît un peu éloignée des nouvelles technologies. Y a-t-il un frein à son utilisation ou est-ce une fausse idée que l’on se fait ?

Les confrères, de manière générale et dans leur grande majorité ont très peu d’appétence pour les nouvelles technologies, c’est un fait. Ils les subissent plus qu’ils ne les adoptent. Ça changera peut-être avec les nouvelles générations. Nos instances nationales ont entrepris de vrais efforts pour nous permettre de dématérialiser notre activité. Le résultat n’est malheureusement pas convaincant pour l’instant en pratique tant au niveau de l’ergonomie des produits que de leur facilité de prise en main.

Alors oui le bilan est très mitigé en la matière et à l’évidence les LegalTech, très en phase avec les attentes du public en profitent avec des moyens de communication qui sont interdits aux avocats. Dans ces conditions, ce n’est pas facile de faire connaître un concept disruptif quand on est avocat. Heureusement que tu es là pour me poser des questions !

Comment la profession a-t-elle évolué face à l’essor de ces nouvelles technologies ?

Il y a une prise de conscience progressive des enjeux liés aux nouvelles technologies grâce notamment à des événements tels que les Etats Généraux du Numérique organisés chaque année depuis 2013. Et oui 2013 seulement… Les conférences se multiplient mais c’est un phénomène récent et pour l’instant peu mobilisateur chez les confrères.

Comme je l’esquissais dans ma réponse précédente, le défi des années qui viennent en matière de nouvelles technologies pour les avocats, c’est la disruption apportée sur le marché du droit par les LegalTech qui tendent à répondre à des besoins nombreux via des solutions logiciels permettant de proposer des tarifs bas.

Aux Etats-Unis un jeune français, Louison Dumont, a lancé sur le marché du droit un programme d’intelligence artificielle adossé à la technologie blockchain qui s’appelle Hirepeter. Voilà les prémices de l’avocat virtuel… Notre profession a connu un début d’ubérisation avec demanderjustice.com, mais ce n’était qu’un coup de semonce et le tsunami ne tardera pas à nous tomber dessus. Sommes-nous prêts ? J’en doute.

Soit on accompagne le phénomène, soit on le subit.

Christophe Landat

La profession se crispe encore beaucoup face à l’émergence de ces Startups du droit et réagit souvent encore à coup de procès ou de menaces de procédure. Or ce n’est pas la méthode à adopter. On n’arrêtera pas ce phénomène qui, lié au développement de l’intelligence artificielle, va permettre de répondre à de nombreuses demandes. Soit on accompagne le phénomène, soit on le subit. J’ai proposé il y a quelques années de labelliser certaines LegalTech pour accompagner l’émergence des nouveaux acteurs qui redéfinissent le rôle de l’avocat sans complètement l’exclure. Sans résultat.

L’émergence du site web « demanderjustice.com » a provoqué un tollé dans notre petit monde. Du jour au lendemain, les justiciables se sont vus offrir la possibilité de substituer des algorithmes aux avocats pour gérer les procédures judiciaires dans lesquelles l’assistance de l’avocat n’est pas obligatoire.

Au lieu de réfléchir à la pertinence du concept, c’est une salve de procès en tout genre qui est tombée sur Jeremy Oinino, le fondateur du système (au passage, procès qu’il a à chaque fois gagnés…). J’ai été un des seuls à l’époque à prendre position contre cette chasse aux sorcières en invitant les confrères à réfléchir à ce que nous n’avions pas fait et même à la complémentarité de ce type d’offre avec notre profession. C’est le choix qu’ont fait nos confrères américains avec RocketLawyer qui aujourd’hui débarque aussi en France.

On doit donc dépasser la crispation naturelle que l’on ressent en raison du monopole que nous octroie la loi dans certains domaines de la prestation juridique et s’atteler à proposer au public des outils technologiques aussi performants et innovants que ceux des Legal Startups. A mon modeste niveau, c’est ce que j’essaye de faire avec Getavocat.

Marteau justice

Justement, parlons de Getavocat. Il y a quelque temps, tu as lancé deux plateformes de consultation : Getavocat et avocat consultation. Peux-tu nous en parler ?

En 2011 j’ai lancé Avocat-consultation.com qui se voulait la modélisation la plus simple possible de la consultation d’avocat à distance : un formulaire en ligne pour exposer sa problématique, un paiement en ligne et en retour une réponse de l’avocat. L’idée c’était d’apporter du confort au client potentiel, de lui retirer le stress du rendez-vous en cabinet et la crainte du coup de bambou de la facture. Avec ce concept, tout est clair et tu peux consulter depuis ton canapé pour un tarif précis.

Et puis en 2014, j’ai lancé Getavocat.fr : des offres d’abonnement juridique à destination des entreprises et des startups, l’idée étant d’en finir avec une facturation horaire ou à l’acte. C’est intenable. Donc on part sur le modèle qui fonctionne dans le e-commerce : l’abonnement, le forfait. Comme avec un forfait mobile, internet ou un abonnement que l’on paie pour certains logiciels tous les moi.

Le client choisit l’offre qui lui correspond, le tarif et la durée. On oublie donc la question de la contrainte horaire puisqu’il n’y en a pas : tu as besoin de ton avocat, tu le contactes et c’est tout. On est sur une relation de confiance avec les clients. C’est très simple. Et je mets en face des outils de workflow et de contact interactif pour être le plus réactif possible avec ma clientèle.

Avec ce concept j’ai fait un constat assez sidérant : j’ai en abonnement Getavocat de nombreux clients que je n’ai tout simplement jamais rencontrés physiquement, qu’ils soient à Paris, Marseille, Bordeaux, dans les DOM-TOM ou de manière beaucoup plus anecdotique à l’étranger. C’est amusant…

Getavocat est donc toujours actif et fonctionne visiblement bien, qu’en est-il d’Avocat-consultation ?

Avocat-consultation était ma seconde expérience sur le web après une première tentative en 2007. Il me manquait pas mal d’expérience, d’où des erreurs notamment en terme de ciblage de clientèle. Le site est parfait pour un avocat généraliste ou un barreau qui voudrait développer le concept pour ses permanences de consultations par exemple. Ça m’a apporté une bonne visibilité sur le web, mais la clientèle touchée ne correspond pas à mon activité actuelle qui est axée sur les nouvelles technologies. La plateforme est donc à la vente depuis peu, je ne souhaite pas poursuivre sur ce créneau là.

Avec Getavocat en revanche, des passerelles ne cessent de se construire avec une clientèle qui avait renoncé à l’avocat en raison de son coût ou qui n’avait jamais osé y avoir recours par manque de certitude sur les tarifs pratiqués.

Getavocat va donc continuer à évoluer de manière importante. On prévoit une refonte pour le premier trimestre 2017 avec « GARI » comme tête de proue : le Gentil Avocat Réactif et Innovant. Ce sera à la fois mon nouveau logo, la mascotte du cabinet et mon outil de communication pour faire connaître la solution.

L’abonnement est clairement une voie d’avenir dans la relation client. Je constate que ça prend bien, les clients ont enfin un outil juridique à leur disposition qui leur convient tant au niveau tarifaire que des modalités de mise en œuvre du service. Et le cabinet s’y retrouve aussi. Bref, c’est vraiment du gagnant/gagnant. Reste à pousser le concept et à permettre de développer des offres encore plus intéressantes. J’y travaille !

Comment le public (enfin les professionnels) ont-ils réagi ? Et tes confrères ?

L’accueil a toujours été bon pour les deux solutions. J’ai eu plusieurs appels de confrères qui m’ont interrogé sur la manière dont j’avais procédé, les soucis que j’avais pu rencontrer. J’ai aussi parfois été invité à m’exprimer sur ces expériences dans des conférences organisées par la profession. Ça suscite donc un peu de curiosité mais pas beaucoup.

Du côté de la clientèle l’accueil de Getavocat est très bon mais il y a beaucoup de travail pour faire connaître la solution. C’est un vrai défi car je n’ai pas le droit aux mêmes règles de communication que des sociétés qui se développent grâce à une bonne communication. Je cours donc un 100m contre des LegalTech avec un boulet de 10 kilos à chaque pied, nos règles professionnelles demeurant extrêmement contraignantes malgré quelques évolutions récentes.

Pour ceux qui suivent un peu ton actualité, on voit que tu suis pas mal de startups. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Le droit des contrats, qui est vraiment mon domaine de prédilection, est peut-être le pan du droit qui est le plus proche du monde des startups. Tout ou presque est possible du moment que tu maîtrises les fondamentaux du droit et que tu as de l’imagination. Rares sont les domaines du droit où le fait d’avoir de l’imagination est possible ou même utile. Mais c’est clairement le cas du monde des startups qui par définition laisse libre cours à toutes les idées, même les plus folles.

Et je suis un drogué de l’innovation. Devant un nouveau dossier, je suis comme un gosse devant l’arbre de Noël qui attend d’ouvrir ses paquets en se demandant ce qu’il y a à l’intérieur ! Je confesse aussi que c’est une manière pour moi de vivre cette vie de jeune entrepreneur par procuration. Je pense sincèrement qu’au fond de moi, je n’étais pas destiné à devenir avocat. J’ai une attirance très forte pour les technologies, une curiosité permanente sur tout ce qui est nouveau, dans le numérique, l’aéronautique, l’automobile, la communication… Faire partie d’une équipe, bâtir un projet innovant, ce sont des choses qui me manquent terriblement. Mais à 42 ans, je n’ai pas la même inconscience qu’à 20 ans. Entamer une seconde carrière reste dans le domaine du possible dans les TIC mais il me faudrait de solides garanties et c’est peu compatible avec le monde de l’entreprise… En accompagnant les startups, j’ai donc le sentiment d’avoir droit moi aussi à ma petite part d’utopie entrepreneuriale le temps d’un dossier.

Est-ce un marché de niche pour lequel tu as été une sorte de “précurseur” ?

Si on raisonne en terme de vulgarisation de l’abonnement juridique à destination des startups et des entreprises, oui Getavocat a été précurseur et demeure aujourd’hui une solution sans équivalent ou presque sauf erreur de ma part.

En revanche d’autres cabinets accompagnent des startups depuis bien plus longtemps que moi mais sur des modes de fonctionnement traditionnels. J’aime bien dire que suis moi aussi une petite legaltech d’une certaine manière dès lors que je suis loin d’avoir atteint une vitesse de croisière et que Getavocat a créé un modèle économique original dans le monde du droit. J’accompagne aussi des startups gratuitement parce que leur concept me semble très prometteur.

On voit aussi que tu es un grand fan de pop culture, notamment de Star Wars, et que tu n’hésites pas à “jouer” avec ça sur les réseaux sociaux. C’est curieux et original, est-ce que cela joue sur ta crédibilité ?

Pas du tout, les clients viennent me voir justement parce qu’ils savent que je maîtrise la Force. Le plus compliqué reste ma clientèle de Wookiees, ils mettent des poils partout et je ne comprends jamais rien à ce qu’ils racontent…

Plus sérieusement, je me retrouve bien dans cette phrase de Rudyard Kipling : « prenez tout très au sérieux sauf vous-même ». Je ne force pas ma nature et si je suis extrêmement rigoureux quand je bosse, j’ai un côté déconneur que j’assume pleinement. Si ça peut éloigner les clients les plus coincés, c’est très bien comme ça…

Cela peut-il aussi être un moyen d’intéresser une clientèle plus jeune ?

Ça n’est pas prémédité, mais oui, clairement, fuir les codes de communication trop traditionnels de la profession permet aussi, sans tricher, de se sentir très rapidement à l’aise avec une clientèle plus jeune qui peut avoir du mal à s’accommoder des contraintes relationnelles classiques de l’avocat.

Je risque de me faire taper sur les doigts en faisant cette comparaison mais n’as-tu jamais renoncé à aller manger dans un super restaurant juste parce que c’était trop guindé et que le fait de devoir troquer ton jean troué et ton tee-shirt pour aller juste manger des bons plats était quelque chose qui te gonflait singulièrement ?

On a vu depuis quelques années se développer des restaurants proposant des plats tout aussi raffinés où l’on a adopté des décorations, un service et un dress-code beaucoup plus décontractés et ça marche ! L’essentiel est dans l’assiette non ? La prochaine version de Getavocat va d’ailleurs encore plus casser les codes, ça va être très sympa.

Un dernier mot pour tous ceux qui te lisent ?

Fort en moi le droit est. T’apprendre à le maîtriser je peux mais t’abonner à Getavocat d’abord tu dois...

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